Véritables
équipes de travail à domicile
Le maintien à
domicile a toujours été
présenté comme le souhait de la majorité des
personnes âgées. Il a même été
annoncé comme une des priorités des politiques
gérontologiques dès les années
60 – 70.
Nous ne discuterons pas
ici de la
réalité historique de cette priorité ni même
de sa pertinence. Nous nous
interrogerons plutôt sur les conditions de ce maintien à
domicile.
Les conséquences
dramatiques de l’été caniculaire que nous
venons de vivre, nous rappellent combien la question de l’organisation
de
l’aide à domicile est centrale et l’urgence qu’il y a à
agir plus et mieux en
ce domaine.
Concrètement,
le maintien à domicile repose, avant tout, sur la
possibilité, pour la
personne, de mobiliser une offre de services et un accompagnement qui
lui
permette de bénéficier d’un ensemble de prestations
coordonnées dans les
domaines de la vie quotidienne et des « soins »
entendus au sens
large du terme, d’adapter son habitat si nécessaire et de
poursuivre une vie
sociale aussi riche que possible et qui soit conforme à ses
goûts et à ses
habitudes.
Si la
diversification des services d’aide à domicile depuis
une vingtaine d’années témoigne de la vitalité et
de l’inventivité de ceux qui
en assurent leur gestion au quotidien, il apparaît clairement que
les
évolutions les plus importantes sont avenir. Elles portent la
possibilité de
proposer une combinaison de prestations à chaque fois
singulière, un projet
d’aide individualisé intégrant les attentes de la
personne (et les siennes
seulement) et renvoyant à son projet de vie. De fait, cette
possibilité repose
sur une approche globale de la situation de chaque personne laquelle
nécessite
de connaître et de reconnaître son entourage (notamment
familial) : lui
laisser une place dans l’aide tout en lui apportant le soutien
nécessaire à la
pérennité de son intervention auprès de son parent
âgé.
Ces évolutions reposent
essentiellement pour ne pas dire
uniquement sur la possibilité de constituer au cas par cas de
véritables
équipes de travail à domicile. Ces
« équipes » sont amenées à
instaurer une collaboration, sans hiérarchie des
compétences et des
interventions, qui garantisse la place de la personne, « son
droit au
choix et au risque ».
Cette
« révolution » est très, trop,
timidement
engagée (le temps où l’aide à domicile
était perçue comme un réservoir d’emploi
pour femmes sans qualification est-il vraiment derrière
nous ?). Elle doit
devenir une priorité de l’action gérontologique et,
à ce titre, être poursuivie
avec ténacité et sans répit. Elle engage la
responsabilité des élus à qui il
revient de la décider, des institutions publiques qui organisent
les moyens de
sa mise en œuvre et des professionnels de l’aide à domicile qui
ont à la faire
vivre.
La
possibilité de pouvoir réellement choisir de vieillir
à domicile
est à ce prix.
Brigitte DHERBAY
Institut de gérontologie sociale
(Marseille)
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