Le vieillissement de la population auquel nous assistons aujourd'hui
représente un phénomène planétaire. L'espérance de vie ne cesse
d'augmenter et l'avenir pose la perspective d'une problématique
incontournable liée au grand âge et à son inscription dans notre
société. Malgré une rupture entre deux vieillesses, une vieillesse
autonome et une vieillesse pus dépendante, l'enjeu essentiel est
de préserver l'autonomie des personnes garante d'une vie sociale.
L'unique réponse se situe dans la Prévention, dont le rôle est
de " soigner la santé ", mais aussi d'inciter les personnes à
vieillir en restant actives, et par là, inscrites dans une démarche
citoyenne.
Dans un dynamique éthique, il es important de penser la vieillesse
en étape faisant partie intégrante de la vie.
Aujourd'hui, un individu de 60 ans est une personne jeune et le chemin
à parcourir, étape de la retraite franchie, peut-être riche en termes
de développement, d'ouverture aux autres et donc au monde en général. La retraite n'est plus le stade ultime de la fin du travail face au repos éternel.
Une personne âgée doit donc être encouragée à conserver une dynamique
sociale, à être acteur de son existence et non à vivre dans la
passivité et le besoin. La prévention atteint ici son apogée et
l'intention principale est qu'une personnes âgée trouve le goût
d'être citoyenne à part entière et de plus impliquée personnellement
dans ses choix de vie.
La gérontologie sociale participe d'une démarche pluridisciplinaire. Il
semble que le champ d'activités physiques et sportives s'y
épanouisse dans une dimension de prévention santé incluant le
maintien le plus longtemps possible des capacités physiques restantes.
La finalité de cette dynamique est la lutte contre
la dépendance physique, ceci dans une dimension sociale et
psychologique car l'isolement des personnes âgées est un risque de
vieillissement précoce.
L'inactivité physique (fauteuil roulant, alitement…) liée au
vieillissement entraîne le sujet âgé vers une perte d'autonomie
dont le stade ultime est la dépendance. L'univers se réduit
impliquant un isolement physique, intellectuel, psychologique
et social.
Le champ des activités physiques et sportives peut offrir
tout un accompagnement en terme de prévention santé et de
lien social peut participer d'une phase de resocialisation
vers une société ouverte.
La finalité de ce service est d'améliorer la qualité de vie
quotidienne de la personne âgée, de lui donner sa valeur son
estime d'elle-même, un statut social. Une des façons possibles
d'aider une personne à rompre son isolement, à oublier ses
angoisses face à la solitude ou à la fin de sa vie. Il s'agit
de l'aider à composer avec son environnement afin qu'elle
investisse son présent par des activités sociales au même
titre que chacun de ses concitoyens. (1)
De plus en plus d'animateurs sportifs professionnels se
spécialisent dans l'accompagnement de pratiques destinées
aux personnes retraités. Des formations spécifiques sont
mises en place tant par l'Education Nationale que par le ministère
Jeunesse et Sport.
Divers lieux conviviaux sont investis pour la mise en place
de pratiques encadrées. Les centres d'animation de quartier
ou communaux, les salles de sport ou yoga, en passant par des
ateliers équilibre ou gym mémoire. Au sein de ces groupes ainsi
formés, des liens se tissent, les personnes bénéficient d'une
vie relationnelle et constructive. Constructive au sens où ces
activités donnent des rythmes et des repères, permettent de se
projeter dans le futur, engendrent d'autres activités : pique-niques,
randonnées, sorties culturelles et d'autres loisirs. Il est
vrai que bon nombre de pratiques libres de plein air se
développent également comme le cyclotourisme, la marche,
le tir à l'arc, associant sport, nature et liberté.
Dans les maisons de retraite, les hôpitaux de jour, les longs
séjours, les sections Alzheimer et les foyers logements, des
initiatives éclosent proposant des activités physiques sur
chaise, des ateliers de prévention des chutes ou des parcours
de santé. Les bienfaits physiques et psychologiques sont
ressentis par les pensionnaires, les familles et le personnel
soignant.
La communication verbale et non verbale s'épanouit,
les sourires prennent la place des attitudes prostrées ou
résignées, le goût de vivre efface les angoisses de mort,
transformant les établissements en lieu de vie.
Mais n'y a-t-il pas plusieurs visages de la vieillesse ?
Selon le niveau social, nous avons d'une part une population
âgée en phase de renoncement, ayant vécu l'oubli de soi, les
contraintes socio-économiques, les ruptures affectives, et
ayant une représentation négative d'elle-même ? Ces personnes
n'ont pas eu accès à la culture sportive comme vecteur de
bien-être, comme activité qui fait du bien, comme vecteur
social induisant une vie relationnelle. Force est de constater
que cette population complexe est en absence de liens avec
les structures sportives existantes.
De ce fait elle ne
semble pas intégrée et si rien ne se fait, ces personnes
seront particulièrement exposées à une perte d'autonomie.
D'autre part, nous connaissons une population âgée à l'esprit
ouvert, sensibilisée au bien-vieillir, qui semble aborder une
vieillesse sans dissonance. Ces personnes maîtrisent un passé
sportif construit de gymnastique et/ ou d'activités de plein
air, avec orientations sportives. A l'âge de la retraite ces
personnes poursuivent une activité et la vie continue. Ces
personnes ont une bonne gestion de l'avenir par une activité
préventive. Elles possèdent un potentiel ressource favorisant
leur intégration aux dispositifs sportifs précités.
Dans notre société où il est pénalisant de vieillir, l'union
des activités physiques et sportives et de l'avancée en âge
harmonise bien-vieillir et bien-être social. De plus, cette
investigation des activités physiques dans le champs gérontologique
développe la solidarité et la communication intergénérationnelle,
garantes d'une dimension sociale universelle.
(1) Ceci constitue d'ailleurs le thème central de la toute nouvelle
campagne intitulée " l'âge en mouvement " lancée le 30 mai 2002
par l'institut de Gérontologie Sociale et qui s'appuie sur
la diffusion d'un dépliant conseil : " L'activité physique :
source d'éveil ". Cette campagne est réalisée en collaboration
avec la caisse d'Epargne PAC, la ville de Marseille (CCAS), la
maison de retraite Le château des Martégaux et le Conseil Général
des Bouches-du-Rhône (Entraide Solidarité 13).
Michèle Hermand
Chargée de coordination
Institut de Gérontologie Sociale Marseille
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