Nous distinguons trois types de demandes d'entrée en accueil de jour.
L'accueil de jour du Moulin étant situé dans la résidence, nous avons eu beaucoup de demandes dans
l'attente d'une place en hébergement définitif. Dans ce cas, arrivée au bout de son accompagnement,
la famille a déjà désinvesti le domicile pour se projeter vers l'entrée en structure. L'accueil de
jour joue ici un rôle de préparation à l'entrée en maison de retraite.
Nous avons également des demandes "prescrites" par un médecin ou un neurologue, pour permettre à
la famille de souffler, ou dans l'idée d'une entrée ultérieure en maison de retraite. Il est alors
nécessaire de travailler en amont avec l'aidant principal, pour le convaincre de l'intérêt de ce
type d'accompagnement.
Enfin, nous avons des demandes de familles pour qu'elles puissent souffler de temps en temps et
permettre à la personne âgée d'avoir une prise en charge adaptée.
Lorsque les troubles, notamment cognitifs, sont déjà avancés, la demande d'entrée en maison de
retraite arrive relativement vite, comme si ce temps de répit, propice à la prise de recul, vient
éclairer un peu plus l'atteinte du parent, et les difficultés du domicile. La famille ose enfin
"lâcher" et cette première approche de l'institution semble déculpabiliser le passage de relais
à des professionnels.
Lorsque la prise en charge est précoce, c'est-à-dire lorsque l'atteinte cognitive est peu importante,
et lorsque le soutien des aidants naturels n'est qu'à son début, le projet est dénué de toute notion
d'urgence. Il peut donc être posé, réfléchi avec la famille, et surtout avec la personne âgée.
Lorsque les troubles cognitifs sont mineurs, le projet proposé prend tout son sens. En effet,
les capacités restantes étant plus nombreuses, un travail de "stimulation" visant leur maintien,
voire leur restauration, peut avoir rapidement des conséquences bénéfiques. La communication
verbale est encore possible, permettant de mieux connaître la personne, de décoder plus facilement les
comportements, d'avoir un retour de sa part et donc de réajuster le projet en fonction de ses souhaits.
Il y a aussi une sorte d'émulation, de concurrence positive avec les autres personnes de l'accueil
de jour. Lorsque la personne âgée est encore susceptible de s'intégrer spontanément à un groupe,
des affinités se créent, permettant ainsi des échanges diversifiés. La personne, motivée, vient
alors avec plaisir, composante essentielle à tout investissement personnel.
Un autre objectif est de créer une dynamique entre le domicile et l'accueil de jour. En essayant
de restaurer certains actes de la vie quotidienne, l'objectif est aussi de permettre qu'ils soient
poursuivis à domicile, par exemple éplucher des légumes, mettre la table. Choses simples, que les
aidants naturels n'osent plus proposer de peur que le parent "ne fasse une bêtise."
Le travail avec la famille doit lui permettre de dire ses difficultés, grâce à une écoute attentive,
sans jugement.
Lorsque la famille n'est pas au bout de son soutien, les échanges sont facilités. Il peut y avoir un
travail de prévention de l'épuisement, les inquiétudes peuvent se dire sans véhiculer trop de
culpabilité, ni d'angoisse. Des ajustements dans l'accompagnement peuvent être proposés tout au
long de ce parcours commun.
L'accueil de jour joue donc son rôle de maillon du maintien à domicile, dans la mesure où
l'accompagnement des personnes âgées et de leurs familles se fait suffisamment tôt, pour ralentir
la maladie et apporter un soutien efficace aux uns et aux autres.
Dominique GERBI
Directrice
Résidence Sénior le Moulin et l'accueil de jour
Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs