Il
est évident que l'organisation de ce type d'accueil dans
une maison de retraite, rebaptisée dernièrement
Etablissement d'Hébergement
pour Personnes Agées Dépendantes (EHPAD) est devenue une
nécessité.
En
effet :
-
comment permettre à une famille, qui maintient à son
domicile une personne âgée dépendante, de "
souffler " un peu. Faute
d'une structure d'accueil prête à répondre à
ce besoin, l'hospitalisation de la
personne âgée deviendrait la seule issue ?
-
comment permettre à une personne âgée plus ou moins
dépendante, isolée, de passer quelques semaines d'hiver,
installée dans la
sécurité dans un établissement
spécialisé ?
-
comment permettre à l'équipe professionnelle, assurant la
prise en charge à domicile tout au long de l'année, de
passer le relais ?
-
comment permettre de libérer un lit d'hôpital dans
l'attente de la mise en place d'un retour à domicile avec un
soutien organisé
et efficace ?
-
comment permettre la préparation progressive à
l'entrée en
établissement, d'une personne dépendante dont le maintien
à domicile devient
trop difficile ?
En cherchant un peu, il y a bien d'autres raisons
d'organiser
le séjour temporaire en établissement, et pas seulement
pour " aider les
aidants ".
Quantifier les besoins et les
difficultées
Pour organiser efficacement ces séjours temporaires, il
convient de quantifier la demande tant sur notre département que
sur ses
différents territoires.
Quand
bien même aurions-nous les renseignements
quantitatifs, subsisteraient pour les établissements et les
candidats à
l'accueil temporaire des difficultés. Elles rendent actuellement
"utopique" ce genre d'accueil, pourtant nécessaire, pour
soutenir une
véritable politique du maintien à domicile.
Aujourd'hui
les établissements sont dans une spirale de
" l'accueil d'urgence " pour les séjours permanents ou
définitifs.
Toutes les admissions ou presque répondent à une urgence,
souvent à la suite
d'une ou plusieurs recommandations ou interventions.
L'encombrement est une règle. C'est un peu
comme les
autoroutes de la région parisienne " on est toujours en retard
d'une voie
" toujours plus de véhicules et toujours plus de bouchons. Au
besoin, on
supprime la voie d'urgence pour créer une voie de circulation
supplémentaire.
Créer
des lits d'accueil temporaire dans une telle pénurie,
c'est faire un choix entre les urgences et les accueils temporaires.
C'est, en
quelque sorte, dire non aux admissions d'urgence. Si on admet en
urgence, en
attendant un lit de séjour permanent, ce n'est plus de l'accueil
temporaire.
Imaginons
maintenant, que le nœud gordien ci-dessus soit
tranché, alors parlons taux d'occupation. Les séjours
temporaires, répondent
souvent à un besoin de repos d'une famille, d'une équipe.
L'expérience montre que la demande se situe souvent pendant
les périodes normales de vacances habituelles de nos
concitoyens. Il y a
embouteillage comme sur la route des plages, puis périodes
creuses, et
personnel au chômage technique…
Ces coups d'accordéon ne laissent en général qu'un
taux de
remplissage à 50 %. Les charges inhérentes sont,
hélas, constantes pour la
partie principale, hors matière première pour la
restauration, d'où un prix de
revient de journée qui s'envole.
Peut-être pourrions nous obtenir un meilleur taux de
remplissage avec une véritable " politique de vente de ces
places ",
mais je ne pense pas que nous ayons les moyens, ni la vocation.
Quant à la prise en charge " sociale " de ces
séjours, il reste beaucoup à faire pour les rendre
possibles avec le bénéfice
de l'aide sociale, par exemple, dans des délais raisonnables.
Les solutions
Il
faut évidemment sortir du manque de places dans nos
établissements. Cela ne permet pas de concentrer nos efforts sur
un problème,
certes, important, qui ne nous paraît pas primordial face
à la détresse des
familles en recherche d'une solution d'urgence.
Il
est important, également, de cerner le besoin quantitatif
correctement afin de définir le nombre de places à ouvrir
dans notre
département.
L'organisation
du remplissage de ces lits dépasse la
compétence des établissements. Elle pourrait être
largement aidée par les
Centres Locaux d'Information et Coordination Gérontologique
(CLIC) ou tout
autre "point quatrième âge", à l'exemple d'une
agence de voyage qui
vient aider au remplissage des hôtels.
Il
n'est pas raisonnable d'imaginer, que nous puissions
rendre moins chers les séjours en mutualisant les frais sur
l'ensemble de l'établissement.
Cela reviendrait à faire payer aux permanents une partie du
séjour des
temporaires.
Alors,
il faut bien penser à un geste social, par subvention
de fonctionnement, en faveur de ce genre de séjours, si l'on
considère que le
maintien à domicile doit être soutenu et que l'aide aux
aidants devienne une
réalité.
Faut-il
penser à créer des structures spécialisées
? Tout
est possible, mais cela serait créer une voie
supplémentaire, forcément
concentrée, qui deviendrait en cas de pénurie de place
dans l'accueil non
temporaire, une voie d'attente, un accueil d'urgence…
Que pouvons-nous faire dans l'attente de solutions …
Face
à une demande trop pressante des séjours permanents et
à la contrainte économique qui nous impose de maintenir
des prix de journées
les plus accessibles possibles (ce qui implique des taux de remplissage
voisins
de 100%), que pouvons nous faire ?
Certainement promouvoir " la politique de la main
tendue " en accueillant, entre deux séjours permanents (entre un
décès et
une nouvelle entrée définitive), un ou deux
séjours temporaires, au prix des
séjours permanents.
Si tous les établissements pratiquaient cette politique, il
me semble évident que nous pourrions répondre, certes
imparfaitement, à la
demande sans gaspiller nos forces. Il convient, à mon sens, de
réellement
promouvoir et faire connaître ce type d'accueil.
Il faut avoir conscience, que malgré les avancées des
conventions et de l'APA, l'accueil des personnes âgées
dépendantes et leur
maintien à domicile restent un véritable problème
dans notre beau pays de
France. Il devient urgent de trouver les solutions financières
pour prendre
réellement en charge les plus âgés de ce pays dont
la moyenne d'âge s'élève
rapidement. La vieillesse nous guette tous et nous devons tant à
nos anciens.
Et si, les problèmes liés à la vieillesse
devenaient une cause nationale ? Si,
les décideurs, pas très vieux, pensaient un instant
à leur vieillesse, à leur
avenir… !
Mon
expérience
J'ai pratiqué l'accueil temporaire sous deux formes :
- entre deux entrées " permanentes ", avec un
prix
bas, en mutualisant les coûts de revient sur les séjours
permanents
(établissement de 215 lits en région parisienne) ;
- dans une petite unité spécialisée (13 lits),
rattachée à
un établissement de soins de long séjour, avec un prix de
journée spécifique.
L'équilibre financier n'a été que difficilement
obtenu en réalisant des séjours
permanents (60 %) au détriment des séjours temporaires.
José DESAINDES
Directeur des établissements de l'association
St Jean et " Mieux Vivre Son Age "