IGD N°42 : Accueil de jour

Accueil temporaire :
une main tendue

Accueillir, de quelques jours à quelques mois, une personne âgée plus ou moins dépendante dans un établissement, c'est réaliser  l'accueil temporaire.

 Il est évident que l'organisation de ce type d'accueil dans une maison de retraite, rebaptisée dernièrement Etablissement d'Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes (EHPAD) est devenue une nécessité.

En effet :

- comment permettre à une famille, qui maintient à son domicile une personne âgée dépendante, de " souffler " un peu. Faute d'une structure d'accueil prête à répondre à ce besoin, l'hospitalisation de la personne âgée deviendrait la seule issue ?

- comment permettre à une personne âgée plus ou moins dépendante, isolée, de passer quelques semaines d'hiver, installée dans la sécurité dans un établissement spécialisé ?

- comment permettre à l'équipe professionnelle, assurant la prise en charge à domicile tout au long de l'année, de passer le relais ?

- comment permettre de libérer un lit d'hôpital dans l'attente de la mise en place d'un retour à domicile avec un soutien organisé et efficace ?

- comment permettre la préparation progressive à l'entrée en établissement, d'une personne dépendante dont le maintien à domicile devient trop difficile ?


En cherchant un peu, il y a bien d'autres raisons d'organiser le séjour temporaire en établissement, et pas seulement pour " aider les aidants ".

 Quantifier les besoins et les difficultées

 
Pour organiser efficacement ces séjours temporaires, il convient de quantifier la demande tant sur notre département que sur ses différents territoires.

Quand bien même aurions-nous les renseignements quantitatifs, subsisteraient pour les établissements et les candidats à l'accueil temporaire des difficultés. Elles rendent actuellement "utopique" ce genre d'accueil, pourtant nécessaire, pour soutenir une véritable politique du maintien à domicile.

Aujourd'hui les établissements sont dans une spirale de " l'accueil d'urgence " pour les séjours permanents ou définitifs. Toutes les admissions ou presque répondent à une urgence, souvent à la suite d'une ou plusieurs recommandations ou interventions.

 
L'encombrement est une règle. C'est un peu comme les autoroutes de la région parisienne " on est toujours en retard d'une voie " toujours plus de véhicules et toujours plus de bouchons. Au besoin, on supprime la voie d'urgence pour créer une voie de circulation supplémentaire.

Créer des lits d'accueil temporaire dans une telle pénurie, c'est faire un choix entre les urgences et les accueils temporaires. C'est, en quelque sorte, dire non aux admissions d'urgence. Si on admet en urgence, en attendant un lit de séjour permanent, ce n'est plus de l'accueil temporaire.

Imaginons maintenant, que le nœud gordien ci-dessus soit tranché, alors parlons taux d'occupation. Les séjours temporaires, répondent souvent à un besoin de repos d'une famille, d'une équipe.

 
L'expérience montre que la demande se situe souvent pendant les périodes normales de vacances habituelles de nos concitoyens. Il y a embouteillage comme sur la route des plages, puis périodes creuses, et personnel au chômage technique…

 
Ces coups d'accordéon ne laissent en général qu'un taux de remplissage à 50 %. Les charges inhérentes sont, hélas, constantes pour la partie principale, hors matière première pour la restauration, d'où un prix de revient de journée qui s'envole.

 
Peut-être pourrions nous obtenir un meilleur taux de remplissage avec une véritable " politique de vente de ces places ", mais je ne pense pas que nous ayons les moyens, ni la vocation.

 
Quant à la prise en charge " sociale " de ces séjours, il reste beaucoup à faire pour les rendre possibles avec le bénéfice de l'aide sociale, par exemple, dans des délais raisonnables.

 Les solutions

Il faut évidemment sortir du manque de places dans nos établissements. Cela ne permet pas de concentrer nos efforts sur un problème, certes, important, qui ne nous paraît pas primordial face à la détresse des familles en recherche d'une solution d'urgence.

Il est important, également, de cerner le besoin quantitatif correctement afin de définir le nombre de places à ouvrir dans notre département.

L'organisation du remplissage de ces lits dépasse la compétence des établissements. Elle pourrait être largement aidée par les Centres Locaux d'Information et Coordination Gérontologique (CLIC) ou tout autre "point quatrième âge", à l'exemple d'une agence de voyage qui vient aider au remplissage des hôtels.

Il n'est pas raisonnable d'imaginer, que nous puissions rendre moins chers les séjours en mutualisant les frais sur l'ensemble de l'établissement. Cela reviendrait à faire payer aux permanents une partie du séjour des temporaires.

Alors, il faut bien penser à un geste social, par subvention de fonctionnement, en faveur de ce genre de séjours, si l'on considère que le maintien à domicile doit être soutenu et que l'aide aux aidants devienne une réalité.

Faut-il penser à créer des structures spécialisées ? Tout est possible, mais cela serait créer une voie supplémentaire, forcément concentrée, qui deviendrait en cas de pénurie de place dans l'accueil non temporaire, une voie d'attente, un accueil d'urgence…

 
Que pouvons-nous faire dans l'attente de solutions …

 Face à une demande trop pressante des séjours permanents et à la contrainte économique qui nous impose de maintenir des prix de journées les plus accessibles possibles (ce qui implique des taux de remplissage voisins de 100%), que pouvons nous faire ?

 
Certainement promouvoir " la politique de la main tendue " en accueillant, entre deux séjours permanents (entre un décès et une nouvelle entrée définitive), un ou deux séjours temporaires, au prix des séjours permanents.

 
Si tous les établissements pratiquaient cette politique, il me semble évident que nous pourrions répondre, certes imparfaitement, à la demande sans gaspiller nos forces. Il convient, à mon sens, de réellement promouvoir et faire connaître ce type d'accueil.

 
Il faut avoir conscience, que malgré les avancées des conventions et de l'APA, l'accueil des personnes âgées dépendantes et leur maintien à domicile restent un véritable problème dans notre beau pays de France. Il devient urgent de trouver les solutions financières pour prendre réellement en charge les plus âgés de ce pays dont la moyenne d'âge s'élève rapidement. La vieillesse nous guette tous et nous devons tant à nos anciens. Et si, les problèmes liés à la vieillesse devenaient une cause nationale ? Si, les décideurs, pas très vieux, pensaient un instant à leur vieillesse, à leur avenir… !

Mon expérience

 
J'ai pratiqué l'accueil temporaire sous deux formes :

 
- entre deux entrées " permanentes ", avec un prix bas, en mutualisant les coûts de revient sur les séjours permanents (établissement de 215 lits en région parisienne) ;

 
- dans une petite unité spécialisée (13 lits), rattachée à un établissement de soins de long séjour, avec un prix de journée spécifique. L'équilibre financier n'a été que difficilement obtenu en réalisant des séjours permanents (60 %) au détriment des séjours temporaires.

 

José DESAINDES
Directeur des établissements de l'association
St Jean et " Mieux Vivre Son Age "

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