L'accueil temporaire :
Indispensable mais Atypique
D'une
adaptation du monde rural, pour pallier les rigueurs
de l'hiver, à un nécessaire répit de l'entourage
confronté en permanence à
l'incapacité physique ou psychique d'un parent, cette
modalité de prise en
charge se heurte toujours, depuis sa création, aux mêmes
difficultés.
Reconnu
par l'ensemble des acteurs du réseau gérontologique
comme étant un maillon indispensable du maintien à
domicile, l'absence d'un
cadre légal clairement défini et de financements
spécifiques rendent aléatoire
la pérennité de ces structures. La crainte de ne pouvoir
assurer un taux
d'occupation viable aggrave le sentiment de précarité.
Toujours
des difficultés de gestion
La
réponse à cette forme d'hébergement s'est donc
faite de
façon très disparate dans le département de
l'Isère. Notre Schéma
d'Organisation Gérontologique 2000-2004 souligne que les
établissements
spécifiques à ce type d'accueil ont pu se maintenir
lorsqu'ils s'adressaient à
une population relativement valide. Les autres ont glissé
progressivement vers
de l'hébergement définitif, faute de demande ou pour des
raisons d'équilibre
budgétaire. Cependant, dans ses recommandations, le
schéma préconise de
favoriser les solutions alternatives à l'hébergement.
L'accueil temporaire
labellisé est au nombre des actions proposées. Il apporte
un soutien aux
aidants, principalement la famille en lui permettant d'être
suppléée
lorsqu'elle est indisponible ou pour organiser une vie sociale ou
professionnelle.
Les
difficultés de gestion ne sont pas les seuls freins à la
création de structure d'accueil temporaire.
Effectivement,
le recours à ce dispositif est souvent
utilisé pour répondre à une situation de crise. Ce
contexte d'urgence ne permet
pas de prendre en considération les spécificités
de cette prise en charge.
Ces
dernières sont d'autant plus complexes à cerner que bien
souvent un projet de vie n'a pu être élaboré en
amont et que la coordination
entre institution et acteurs libéraux fait défaut. De ce
fait, un travail en
étroite collaboration avec la famille s'impose pour accompagner
" une
étape de vie " qui s'inscrit dans " une longue histoire".
Repenser les structures
Malgré
les restrictions drastiques des crédits 2003, le
gouvernement a néanmoins décidé de maintenir le
financement de 750 places
d'hébergement temporaire, en particulier pour les malades
Alzheimer. Toutefois,
il serait regrettable de restreindre l'offre aux seules personnes
dépendantes
ou très âgées. Effectivement, certains
séniors peuvent être ponctuellement en
difficulté à leur domicile en l'absence du conjoint ou de
leur aidant habituel.
D'un
rôle de relais entre l'institution et le domicile en
attendant une place en hébergement définitif, de
transition avant le retour à
domicile après une hospitalisation ou encore d'expérience
d'une première vie en
collectivité, l'accueil temporaire nous invite à
reconsidérer les logiques du
"tout institution" et du "tout maintien à domicile".
Certes,
si un cadre légal s'impose, la solution à cette
problématique ne se limite pas à une dimension
législative et à une question
budgétaire. Il est nécessaire de repenser l'organisation
des structures.
La réponse est peut-être dans une logique de
fonctionnement,
voire une philosophie d'accueil ?
Et si cette formule d'accueil limité dans le temps
permettait d'une part d'atténuer les angoisses de l'admission
définitive en
institution en accordant un temps de préparation et d'autre part
satisfaisait
le droit au répit des aidants ?
Marie-Bernadette
GIROUSSENS
Directrice de l’UDIAGE